La RSE de la recherche au miroir de l’histoire

Résumé

La responsabilité sociale et environnementale (RSE) est une innovation récente issue d’une transcription dans le droit de principes du développement durable. Cet article en retrace l’adaptation au sein de la recherche agronomique, en l’ancrant à la fois dans l’actualité et dans une histoire longue de la prise en compte des impacts sociaux et environnementaux de la recherche. À travers les exemples de l’Inra et du Cemagref devenu Irstea (fondus en 2020 dans INRAE), les auteurs rappellent comment la recherche agronomique française a d’abord soutenu la modernisation agricole avant d’apprendre à en interroger les impacts négatifs. Dès les années 1970, des alertes sur la pollution, la pénibilité du travail ou la souffrance agricole ont favorisé l’émergence de nouveaux objets, d’approches systémiques et d’une plus grande attention aux enjeux environnementaux. Les années 1990 marquent un tournant avec les crises sanitaires et l’affirmation des attentes sociétales, conduisant à une formalisation progressive de la RSE dans les orientations institutionnelles. La recherche agronomique devient alors un acteur clé des transitions, via l’agroécologie, la co-construction des savoirs et les démarches participatives. La RSE, désormais intégrée aux dispositifs de gouvernance, constitue un levier pour repenser les liens entre science, société et environnement, à condition de maintenir une exigence éthique et réflexive.